Surveiller et jouir
Anthropologie politique du sexe
28,00 €
Rostom Mesli (ed.)
Gayle Rubin est une légende vivante des études sur la sexualité et de la queer theory. Le Marché aux femmes, qu’elle écrivit lorsqu’elle était étudiante de premier cycle, devint très vite l’article d’anthropologie sociale le plus cité ; on considère qu’il a fondé les champs de la théorie féministe et des études de genre, et qu’il est à la base de tous les travaux ultérieurs sur la construction sociale du genre. En fait, Rubin semble avoir été la première anthropologue féministe à employer le mot « gender » dans un texte imprimé. À « Penser le sexe », autre article qu’elle écrivit dix ans plus tard, on attribue la fondation des études sur la sexualité, des études gaies et lesbiennes, et de la queer theory.
Au cœur de cette théorie, l’idée que voici : ce qui, dans nos sociétés, passe pour la morale sexuelle dissimule l’opération sous-jacente d’un système illégitime de stratification sexuelle que l’on accepte sans l’interroger ; cette morale sexuelle recouvre une façon d’organiser la vie sexuelle en fonction d’une hiérarchie de privilèges et de prestige qui veut que certaines formes de comportement sexuel soient approuvées et promues comme allant de soi, tandis que les autres, aussi bien que les personnes qui les pratiquent, sont considérées comme problématiques, mauvaises, inacceptables, et sont non seulement critiquées, mais aussi persécutées, pénalisées et vouées à l’élimination au nom de l’hygiène morale et sociale.
Au cours des trois dernières décennies, Rubin s’est aussi consacrée à l’écriture d’une histoire, monumentale et minutieuse, de l’émergence et de la formation, aux États-Unis, d’une subculture sexuelle spécifique qui n’avait jamais été étudiée par un anthropologue de métier ; à savoir les communautés gaies dites « cuir ». Ce travail est passé par la description et l’analyse des identités sociales (et pas seulement des pratiques sexuelles) produites par les homosexuels sadomasochistes. Le contexte politique plus large dans lequel elle a œuvré s’opposait parfois violemment à son approche, laquelle envisageait les différences de pratiques sexuelles d’un individu à l’autre comme de bénignes variations du comportement humain.
Extraits de la préface de David Halperin et Rostom Mesli « Notre amie Gayle Rubin ».
Publié avec le concours du Centre National du Livre.
Collection Les grands classiques de l’érotologie moderne
Date de parution Novembre 2010
Six illustrations
Nombre de pages 486 pages
ISBN 9782354270155
Format 13,5 x 20,5 x 3,8 cm
Poids 0,560 kg